Session plénière d'octobre 2011: Formation

Publié le par Groupe des élus UDB

 

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Conseil régional de Bretagne

Le 21 octobre 2011

Intervention CPRDF

Naig Le Gars

 

Je débuterai mon intervention en exprimant d'abord un sentiment de satisfaction et ensuite des inquiétudes.

 

Je m'explique. Satisfaction quant au processus d'élaboration de ce document, dans sa première phase, qui à travers plusieurs journées préparatoires et thématiques, de janvier à mars 2011, a impliqué un grand nombre d'acteurs et de partenaires de la formation. Satisfaction encore, quant à la conduite du dossier au sein de la commission. Avec la vice-présidente Georgette Bréard, les collègues et les services, nous avons eu un dialogue constructif, et nous avons été soudés et volontaires vis à vis des exigences des services de l’État.

 

Et c'est là que sont les inquiétudes, voir le malaise. Car tant sur la forme que sur le fond, la construction d'un tel document est une régression. Régression du point de vue de la méthode, puisque l’État, par la loi de novembre 2009, nous dicte ses politiques, et donc régression du point de vue de nos compétences, puisqu'elles ne nous appartiennent plus. De fait, nous nous sommes retrouvés dans une position défensive et cela n'est pas sain.

 

Sur les politiques qui nous sont imposées, je prendrai quelques exemples :

 

-Dans la 1ère partie du document (p14), sous le titre « l'analyse du marché du travail », il est fait état « d'un taux de chômage parmi les plus bas enregistrés au niveau national », à savoir 7,8% . Précisons qu'il s'agit des chômeurs inscrits à Pôle Emploi. Or selon le propre aveu de Christian Charpy, Directeur général de Pôle emploi, et auteur de l'ouvrage “La Tête de l’emploi”, la question du taux de chômage des jeunes ne reflètent pas la réalité :

 

Tous les demandeurs d’emploi ne s’inscrivent pas à Pôle emploi, notamment des jeunes qui, à 30 ou 40 %, se débrouillent sans nous solliciter. A cela plusieurs raisons. Certains considèrent que nos prestations ne leur sont pas utiles. D’autres estiment que, n’étant pas indemnisés, ils ne sont en aucun cas tenus de s’inscrire, et qu’ils ont plus de chances de trouver un travail par eux-mêmes ou auprès d’une mission localepar exemple. D’autres enfin, totalement désinsérés, n’envisagent même pas de mettre les pieds dans une structure considérée comme trop administrative”.

 

Si on y ajoute les jeunes en intérim ou au RSA, et enfin les milliers de jeunes diplômes(comme nous l'avions déjà évoqué lors de la dernière session), qui ont quitté la région pour trouver du travail, on dépasse les 10%.

 

D'ailleurs, le malaise s'exprime à Pôle Emploi par une grève dont on ne voit pas l'issue. La fusion ANPE-Assédic n'est visiblement pas une réussite.

 

-Ensuite, dans les orientations du bordereau, parmi lesquelles beaucoup de dispositions positives, soulignons-le, nous relevons des inflexions relatives aux mesures gouvernementales, notamment en matière de formation initiale.

 

Ainsi (p.39), «Garantir une offre de niveau V », on nous parle de « maintien de l'offre », mais comment ? On a supprimé les BEP et fragilisé les LEP, par des fermetures, des fusions-transformations des sections, pour faire des économies. Le but ultime de la manœuvre, c'est de transférer les charges de l'enseignement professionnel en favorisant l'apprentissage. Priorité obsessionnelle du gouvernement, et pour laquelle M. le Préfet se fait l'ardent missus-dominici, lors des séances du CCREFP.

 

D'autres mesures du même acabit relèvent au mieux du bricolage, au pire de la tromperie, comme le système des passerelles et des mixages de parcours (p.77), inapplicables dans l'état et cataplasmes inefficaces pour réparer la casse dans l'enseignement professionnel et technologique.

 

-La même vigilance s'impose pour l'orientation, où la mise en place du service public régional est fragilisé par le manque de moyens et les coupes claires opérées par la funeste RGPP. Dans le réseau des CIO par exemple, le taux de non remplacement des titulaires s'établit à 5 sur 6. Dans ce contexte, on peut craindre un service au rabais (comme à Pôle emploi) et dilué, au détriment des missions spécifiques, qu'il faut conserver et renforcer, tout en travaillant en réseau.

 

-Pour ce qui est de la formation continue, nous avons également appelé à la vigilance sur la question des « métiers en tension » (p.60), ainsi que des « besoins spécifiques identifiés localement ». La crainte ici est que les formations servent de variable d'ajustement pour répondre aux besoins ponctuels des entreprises, ou des institutions ce que l'on qualifie de logique « adéquationniste ». Nous avons déposé des amendements en ce sens. Nous insistons pour inverser la tendance. Le but d'une formation n'est pas uniquement de préparer à des emplois d'exécution, mais donner accès à des métiers (et pas seulement des compétences), ainsi que de permettre de se perfectionner (notamment dans les TPE), tout au long de la vie.

 

Pour le moment, cette formule est encore trop théorique, faute de perspective et de cohérence, en terme notamment d'adaptation des structures aux projets, et aux contenus des formations, et bien sûr en terme de moyens.

 

Ces questions interrogent la gouvernance, et nous ramènent à notre problématique. Qui fait quoi ? Et avec quels projets et quels moyens ? Pour y répondre, dans un premier temps, souhaitons le retrait de cette loi de novembre de 2009, mettant fin à un contrat, qui est en fait une main mise de l'Etat sur une compétence phare de la Région.

 

Malgré toutes ces réserves, nous voterons ce bordereau, car il contient des dispositions intéressantes, et nous faisons confiance à la Région pour en tirer le meilleur.

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