Lettre de Naig le Gars à Frédéric Mitterrand
Naig Le Gars
conseillère régional - kuzulierez rannvro
groupe des élus UDB ~ Autonomie et écologie
skipailh dilennidi UDB ~ Emrennerezh hag ekologiezh
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A :M. Le Ministre de la culture
Frédéric Mitterrand
Kemper, le 6 juillet 2011
Monsieur le Ministre de la Culture,
Je suis au regret de me rappeler à votre souvenir pour vous dire que vous avez menti, le 10 juin dernier, lorsque vous avez répondu à ma question sur les langues régionales. Vous aviez alors assuré : "je soutiendrai dans quelques semaines à l'Assemblée nationale un texte à ce sujet qui permettra un certain nombre d'avancées".
Nombre d'observateurs s'étaient alors étonnés de votre réponse, puisque la veille à Brest, vous aviez indiqué que vous ne comptiez prendre aucune initiative dans ce domaine (Article du Télégramme du 11 juin). Il était néanmoins possible que vous ayez changé d'avis, tel Paul sur la route de Damas, entre Brest et Quimper.
Las, 20 jours plus tard lors du débat sur la proposition de loi -très édulcorée- de Monsieur Navarro au Sénat, ce n'est pas vous, mais votre collègue Luc Chatel, qui au nom du gouvernement, a exprimé son « opposition à une loi, en accord avec l'avis du rapporteur, Colette Mélot ». Il a en effet estimé que l’État en faisait suffisamment, dans les domaines de l'enseignement, « permettant de répondre à la demande des élèves et de leurs familles », et que l'effort se porte aussi « dans le champ de la culture et des médias ». Monsieur Chatel ne doit pas savoir que des refus d'ouverture ont été signifiés dans le Finistère (à Querrien et à Pluguffan), ainsi qu'en Loire Atlantique (à Saint Herblain). Et qu'entre autre, France3 a suspendu son journal télévisé et ses programmes en breton pour l'été.
Par contre, pour que nous ne méprenions pas sur la capacité d'ouverture de son gouvernement, il a cru bon d'ajouter :
« Vous pouvez compter sur moi, mesdames, messieurs les sénateurs, pour veiller sans relâche, en ma qualité de ministre de l'éducation nationale, à ce que notre École remplisse sa plus haute mission : enseigner la langue de la République à ses enfants... ». C'est beau comme du Jules Ferry en 1881.
Consolons-nous, car bon prince, il nous propose quand même une « publication (ultérieure) d'un document qui synthétiserait l'ensemble des dispositions, dans l'état actuel du droit, la promotion et l'enseignement des langues régionales ». C'était sans doute là votre promesse, Monsieur le Ministre, mais alors, ne nous parlez pas « d'avancées », mais plutôt d'un état des lieux, bien indigent au regard de ce qui se pratique dans la plupart des États de l'Union Européenne.
Je vous fais à mon tour une promesse, Monsieur le Ministre : la question de la reconnaissance officielle des langues régionales, sera un enjeu majeur des élections présidentielles de 2012.
Les Bretons et les autres Peuples de France ne manqueront pas de rappeler que leur vote se déterminera en fonction de cet objectif, comme par exemple le 31 mars à Quimper et dans toutes les régions de langues et de cultures différentes.
Dans cette attente, je vous prie d'agréer mes meilleures salutations.
Naig Le Gars